VILLARD-BONNOT  | Une histoire de papier...

Durant la révolution industrielle, les hameaux de Lancey et Brignoud connaissent un incroyable essor grâce à l’industrie du papier. L’installation des papeteries d’Alfred Fredet à Brignoud et d’Aristide Bergès à Lancey est possible grâce à l’hydroélectricité créée à partir de l’eau produite par la fonte des neiges. Ce principe est alors appelé « Houille blanche ».

Fredet et Bergès mènent une politique paternaliste : de nombreuses actions sociales sont menées comme la création de pouponnière et de coopératives alimentaires. Une vie culturelle se développe également autour du cinéma et de l’Harmonie des papeteries de Lancey. Les deux entrepreneurs mettent en place d’ambitieux programmes immobiliers pour loger leurs employés. Ainsi sont sorties de la terre la cité des Roses en 1920, la cité du Vors en 1925, ou encore la cité Fayolle et la cité de Glières à Brignoud. Cet essor industriel s’accompagne au début du XXe siècle d’une forte activité commerciale et artisanale sur les deux hameaux. Le tramway traverse alors toute la ville et favorise les déplacements collectifs.

Pendant la Première Guerre mondiale, l’école République de Lancey est transformée en hôpital et l’usine Fredet fabrique des obus pour l’armée française. La mairie, jusqu’alors installée près de l’église, est édifiée en 1922 (à son emplacement actuel).

En 1957, une prouesse technique fera la une de la presse nationale: le château de Bergès (ou château Biclet), est déplacé de 70 m pour permettre l’agrandissement de l’usine. Après des décennies de fonctionnement le site des papeteries de Lancey ferme définitivement ses portes en novembre 2008.


MONUMENTS & LIEUX D'EXCEPTION

LES PAPETERIES DE LANCEY
MÉMOIRE INDUSTRIELLE & OUVRIERE

En 1867, Aristide Bergès arrive dans le Grésivaudan et installe un défibreur (appareil servant à râper du bois pour en faire de la pâte à papier) dans l’usine d’Amable Matussière à Domène. Aristide Bergès installe sa première râperie, puis sa première usine à papier sur la commune de Villard-Bonnot en 1868, au bord du ruisseau de la Combe de Lancey en utilisant l’énergie hydraulique. En 1869, une première conduite forcée de 200 mètres de dénivelé est construite. Celle-ci fournit en énergie mécanique les deux machines à râper le bois de l’usine Bergès. Cette énergie est appelée « houille blanche ».

De 1880 à 1907, l’usine s’agrandit de façon spectaculaire. Dans le même temps, les aménagements qui feront le visage de Lancey commencent : équipements publics, cités ouvrières, infirmerie, tramway électrique pour le transport du bois, crèche …

A la mort d’Aristide Bergès en 1904, ses héritiers changent le statut de l’usine : de familiale elle devient société anonyme dont la direction est confiée à un ingénieur, Auguste Biclet. Celui-ci accroit la production et renforce la politique d’acquisition forestière. En 1923, la papeterie de Lancey emploie 1800 salariés, dont près de la moitié sont d’origine étrangère (espagnole et italienne principalement).

Dans les années 50, l’usine commence à s’essouffler. Une nouvelle machine ultra performante est installée et nécessite la construction d’un nouveau bâtiment de 220 mètres de long. En 1960, la machine 8 est inaugurée. Dans les années 70, le secteur papetier s’ouvre à la concurrence et commence à connaître des difficultés. Dans les années 80, l’usine de Lancey se spécialise dans le papier couché double face et arrête deux de ses machines. En 84, l’usine est filialisée et ouverte à un investisseur américain, International Paper. Elle emploie alors 500 personnes.

En 1995, la cartonnerie est fermée, jugée trop peu rentable, entrainant le licenciement de 200 personnes. En 1997, International Paper décide de se séparer de l’usine de Lancey. Rachetée par Jean Luc Dominici, elle compte à l’époque près de 300 salariés. Cinq ans plus tard, il revend l’usine à Matussière et Forest. Mais au printemps 2005, le groupe dépose le bilan. Le fonds d’investissement Matlin Patterson acquiert alors le site de Lancey et revend immédiatement les centrales hydroélectriques, annonçant ainsi la fin de la production de papier. En octobre 2008, la liquidation judicaire de l’entreprise est prononcée par le tribunal de commerce : 200 salariés se retrouvent sans emploi. Le site est alors confié à un liquidateur judicaire qui démantèle l’outil de production et vend la machine 8 en Asie.


LE CHATEAU BICLET - BERGÈS
CHATEAU AMBULANT...

En 1957, une prouesse technique fera la une de la presse nationale: le château de Bergès (ou château Biclet), est déplacé de 70 m pour permettre l’agrandissement de l’usine. Après des décennies de fonctionnement le site des papeteries de Lancey ferme définitivement ses portes en novembre 2008.

 

L'ÉGLISE DE VILLARD-BONNOT
UN RARE EXEMPLE D'ARCHITECTURE CIRCULAIRE

Cette église est l’un des rares édifices catholiques d’architecture circulaire.
Elle a été édifiée entre 1828 et 1829.
Des travaux entrepris dans les années 1960, pour cause de vétusté, ont affecté l’aspect d’origine.

 

LE CENOTAPHE BERGES
MONUMENT FUNERAIRE D'EXCEPTION

Ce cénotaphe a été commandé par Aristide Bergès à la mort de son épouse. Il a été réalisé en 1899 par Giuseppe Chiattone (pour les oeuvres en pierre et bronze). Ce monument a été entièrement rénové par la commune en 2010.
Il se compose :

  • d’un cénotaphe (édifice en forme de tombeau),
  • d’une sculpture en bronze (L’Ange de la foi),
  • d’une plaque en bronze sculptée (Funérailles des anges).

LE PETIT PATRIMOINE HYDRAULIQUE
VILLARD-BONNOT, CITÉ D'EAU

La ville compte deux fontaines :

  • l’une en hommage à Alfred Fredet à Brignoud construite en 2007,
  • l’autre en hommage à Aristide Bergès, place de la République à Lancey.
  • de multiples bassins existent sur la commune. Ils sont régulièrement rénovés, entretenus et mis en valeur, notamment grâce à leur fleurissement.


MONUMENTS AUX MORTS
HOMMAGES AUX ENFANTS DE LA COMMUNE TOMBÉS LORS DES GUERRES

Lors des commémorations des guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, trois monuments sont honorés :

  • Place du 24 août à Brignoud,
  • Place de l’Église,
  • Place Pasteur à Villard-Bonnot.


CHATEAU DE MIRIBEL
EDIFICE PRIVÉ - VISIBLE DEPUIS LA ROUTE

Depuis trois générations, un véritable travail d’historien est réalisé par la famille de Miribel qui collecte, identifie, trie et conserve des documents historiques. Ainsi, on apprend que le château de Miribel que l’on connait de nos jours, a commencé par être, dans les années 1150, une simple tour sarrasine, dont la base (le rez-de-chaussée) était pleine. La fonction de ce bâtiment était donc militaire.

Au fil des siècles, la tour prend des allures de château avec l’ajout d’une salle basse entre 1250 et 1350 par les premiers propriétaires : les seigneurs de Commiers. C’est depuis cette époque que l’édifice porte le nom de Vors. L’origine du nom témoigne des caractéristiques géographiques et climatiques de la vallée du Grésivaudan. En effet, Vors vient du dauphinois « Vorzie » qui signifie le lieu où poussent les joncs, autrement dit, des marais. Cela laisse entendre que des douves sont sûrement venues compléter cette première extension.

Au début du XVIIe siècle, la fonction défensive est peu à peu délaissée au profit de la fonction aristocratique. Ainsi, le château se dote d’une tour carrée supplémentaire, d’une bâtisse et les douves sont comblées. Au siècle suivant, Jacques-François de Miribel et sa femme font de l’édifice leur résidence d’été. Ils séjournent en hiver au château de Miribel à Montbonnot et en été à celui de Vors. Une nouvelle extension est alors entreprise au détriment du style architectural dauphinois. Une quatrième tour, ronde cette fois-ci, est construite, la toiture est constituée de tuiles en ardoise et aux étages, les fenêtres sont à meneaux. Le ruisseau de Vors est alors dévié pour que le château, ses dépendances et ses terres agricoles prospèrent.

 

 

PERSONNAGE CELEBRES

ARISTIDE BERGES
INDUSTRIEL - PERE DE LA HOUILLE BLANCHE
1833-1904

Aristide Bergès est né en 1833 en Ariège. Sorti ingénieur de l’École centrale des arts et manufactures, il travaille dans un premier temps dans la papeterie familiale. Lors de l’exposition universelle de 1889, il rencontre le papetier Matussière propriétaire d’une scierie et fabricant de pâte à papier à Domène.
Celui-ci commande à Aristide Bergès des défibreurs à bois. Il décide peu de temps après d’installer sa propre papeterie à Lancey. Afin d’actionner les machines de son usine, Aristide Bergès s’intéresse alors à l’énergie hydraulique. Il inaugure en 1869, une chute de 200 m de hauteur puis porte cette chute à 500 m en 1882 à partir des eaux du lac du Crozet. On prête à Aristide Bergès l’invention du terme «Houille blanche».


ALFRED FREDET
INGENIEUR PAPETIER
1829-1904

Originaire d’Auvergne, Alfred Fredet fait de brillantes études et sort major de l’École centrale des arts et manufactures en 1854. Ingénieur papetier dans différentes usines, il s’installe dans le Grésivaudan et fonde la papeterie Moulin Vieux à Pontcharra puis la papeterie du Moutier à Domène. C’est à Brignoud qu’il développe son talent d’ingénieur en créant, avec Amable Matussière, une conduite forcée de 147 m en 1868.


LEA BOURGEAT
VILLARDENNE & RESISTANTE
1904-1982

Léa Turfat est née en 1904. Elle grandit à Villard-Bonnot, avec ses parents et sa sœur Fernande (épouse Merlin ; 1913-1993). Elle prend le nom de Bourgeat, lorsqu'elle épouse son premier mari Justin. De celui-ci, elle sera la veuve en 1958. Plusieurs années après, Léa se marie à nouveau, avec son ami et voisin de l'époque, M. Coquet. Elle décède en 1982 et est enterrée au cimetière de Villard-Bonnot.

Léa Bourgeat a été Résistante. Elle a reçu la médaille de la Croix de Guerre 1939 avec étoile d'argent. Aujourd'hui, la Citation à l'ordre de la division est conservée au Musée de la Résistance et de la Déportation du Département de l'Isère. Le document atteste que cette Villardienne, toute jeune à l'époque des faits, a fait preuve de courage et de discrétion. L'apanage des Résistants. Datée du 10 novembre 1945, la citation est attribuée à Léa Bourgeat, par le Général de Gaulle (décision n° 1312). Il s'agit d'un témoignage précieux à plus d'un titre. D'une part, le document est authentique et, d'autre part, il mentionne noir sur blanc, les faits qui ont permis à Léa Bourgeat d'être distinguée et décorée par la Nation : « Hébergea les agents du Réseau, assura la garde des dépôts d'armes et du matériel radio, réussit à les soustraire à l’ennemi au cours de minutieuses perquisitions. Prêta son domicile pour les émissions radio. Modeste, efficace et désintéressée, a contribué puissamment à la bonne marche du réseau ». Son courage a également été salué par les alliés : avec la Citation à l'ordre de la division, un témoignage de la Direction des Services Stratégiques Américains a été retrouvé. Orné d'un cachet de cire, le document explique qu'elle « a servi avec le plus grand dévouement et une abnégation parfaite la cause des Alliés avant la Libération de la France et a ainsi contribué à la Victoire ». Daté du 16 octobre 1944, le témoignage est signé par le Colonel David K.E. Bruce, du quartier général US.


ALBERT GIRARD-BLANC
PIONNIER DE L'AVIATION LOCALE
1901-2005

Pilote d’avant-guerre, Albert Girard-Blanc fut compagnon de chambrée de Saint-Exupéry pendant leur service militaire, au début des années 1920[]. Garagiste automobile à Lancey et pionnier de l’aviation dans le Dauphiné, il sera le premier à poser son avion sur des terres alors agricoles situées entre Lancey et le Versoud en 1924 (à l’emplacement de l’actuel aérodrome construit en 1948). Dans les années 1950, Albert Giard-Blanc se lance dans la construction d’un avion RA-14. Cet infatigable amoureux des airs sautait encore en parachute à 70 ans et pilotait régulièrement des avions à 90. Il est décédé en 2005 à l’âge de 104 ans.


LA FAMILLE DE MIRIBEL
ARISTOCRATIE VILLARDIENNE

Artus de Miribel fit carrière comme lieutenant de Gendarmerie du 3e régiment de Cuirassiers. Il fut maire de Grenoble en 1842. Il démissionne de ce poste 3 ans plus tard mais conserve un poste de conseiller municipal. Il habite régulièrement son château de Vors situé à Villard-Bonnot. Il eut, avec son épouse Marie-Thérèse de Valory, une fille et quatre fils dont le futur général Marie-Joseph François de Miribel.

 

MELCHIOR JOSEPH MARMONNIER
MEDECIN
1813-1891

Médecin pendant 48 ans, le docteur Marmonier exerça dans les années 1830 en Algérie puis dans le canton de Domène à partir de 1843. Il effectua la première transfusion sanguine réussie en France le 3 janvier 1851 à Lancey. Le docteur Marmonier prélève du sang chez une voisine et le transfuse à sa patiente mourante.